Prévoir les aléas, c'est le métier de Datapole. Pour quoi faire ? « Connaître et facturer exactement les volumes de déchets collectés, anticiper les volumes à venir grâce à l'analyse fine des données, mieux dimensionner les appels d'offres pour les prestataires, ou pour une collectivité, voir si le candidat à un appel d'offres n'a pas surdimensionné sa proposition », avance Frédéric Gagnaire, PDG de Datapole et fondateur, en 2010, de la société. S'il est appliqué au marché des déchets, l'algorithme de Datapole peut se décliner sur d'autres secteurs. Comme celui de l'énergie.Avec Prediwaste, Datapole accompagne déjà cinq collectivités, de 125 000 à 450 000 habitants, dans la gestion de leurs déchets. Pour le Siom de la vallée de Chevreuse, en région parisienne, qui travaille avec Datapole depuis 2011, Datapole a unifié tous les relevés de pesée dans une base de données communes. « Avant, chaque prestataire nous envoyait ses fichiers Excel, et les erreurs entraînaient beaucoup d'allers-retours entre les services. Maintenant, Datapole intégre les données des prestataires directement dans une base de données », détaille Marielle Granja, responsable du service de prévention, de collecte et de valorisation des déchets du Siom. Les données concernant les déchets valorisés en compostage, tri sélectif ou en énergie sont désormais accessibles très simplement à toute personne du service. De plus, la périodicité passe du relevé mensuel au relevé à la pesée. « Chaque collectivité paye donc pour ses tonnages, alors qu'auparavant nous devions mettre en place des tournées spécifiques pendant une semaine, et extrapoler pour tout le trimestre », illustre Marielle Granja.Les données sur les tonnages collectés servent également à analyser le taux de remplissage des bennes, et à connaître précisément les distances parcourues et le carburant consommé, etc. Des informations qui permettent de rééquilibrer les tournées de collecte, ou, à plus longue échéance, de les optimiser. « Nous constatons aujourd'hui que nous avons surdimensionné notre appel d'offres. Selon nos premières études, menées sur le seul flux des OMR, nous pourrions réduire le nombre de tournées jusqu'à 15 %, en conservant un taux de remplissage des bennes de 85 %, en adaptant plus finement la collecte à la périodicité de production des déchets », avance Marielle Granja.Surtout, Datapole peut prévoir les volumes de déchets produits à court terme, en tenant compte des données de consommation dans les magasins de la grande et moyenne distribution sur le bassin, des données historiques (jusqu'à trois ans) et des événements calendaires. « Les prévisions des volumes de déchets de la semaine à venir et de la suivante sont très fiables. Ainsi, le prestataire de l'unité de valorisation énergétique peut faire appel à ses clients privés quand une baisse des OMR est prévue pour optimiser le fonctionnement de l'installation », témoigne Marielle Granja. Des prévisions à plus long terme sont également possibles. La société peut intervenir en amont, pour redéfinir les besoins, lors du lancement d'un appel d'offres. « Nous apportons une analyse des performances de la collecte, en tenant compte du temps de travail, et des équipements. Cela permet de définir le niveau de ressources nécessaires par rapport au volume de déchets à collecter, et donc d'analyser les réponses des candidats à l'appel d'offres », explique Frédéric Gagnaire. Il a notamment aidé l'établissement public territorial de Plaine commune (Seine-Saint-Denis) à redéfinir son appel d'offres pour la collecte des déchets ménagers, en se basant sur des données de collecte et des ressources de la collectivité : nombre de camions de collecte, nombre d'heures de travail, etc. « A partir de ces données, nous pouvons simuler les conséquences d'un passage en deux postes, ou la modification des horaires de collecte », explique Frédéric Gagnaire.Reste que tout repose sur la qualité des données. « Notre premier travail, c'est le management de la qualité des données », reconnaît Frédéric Gagnaire. Pour quel résultat ? « Jusqu'à 35 % d'économies », assure le PDG de Datapole, qui vise désormais toutes les collectivités de plus de 80 000 habitants. A l'avenir, ce seuil pourrait être revu à la baisse. Datapole participe en effet au projet Waste Forecast, labellisé par le pôle de compétitivité Advancity, qui vise à fournir des conseils grâce aux seules données de consommation. Mais il faut pour cela patienter un peu : rendez-vous dans trois ans…En attendant, Datapole décline son logarithme sur le secteur de l'énergie avec Predismart. Il s'agit ici d'analyser et d'anticiper la consommation énergétique d'un bâtiment. Elle est actuellement testée par Engie dans le cadre du programme Prediwatt.Albane Canto