Savez-vous comment vous vivrez en 2050 ? L’échéance paraît si lointaine que nous n’y pensons guère. Et pourtant l’étude prospective qu’a fait réaliser la Ville de Paris (1) nous montre que décarboner une grande ville à cet horizon est possible. Et comme 2050, c’est déjà demain, les six mandatures à venir ont du pain sur la planche. Objectif : réduire de 80 % les émissions de gaz à effet de serre, compenser par la production extra-muros d’énergie renouvelable et séquestrer davantage par la construction en bois. Ne cherchez pas de recettes miracles, les solutions proposées sont connues mais c’est l’ampleur des chantiers sur la durée qui rend la cible crédible. Une ville décarbonée, c’est une ville qui a muté et transformé ses transports, ses bâtiments et ses consommations énergétiques et alimentaires. Paris doit produire de l’énergie et devenir plus sobre. L’étude table sur 20 % de toitures équipées de panneaux, soit 6 millions de mètres carrés dont l’essentiel en photovoltaïque en autoconsommation. La massification de la rénovation des logements publics et privés, la décarbonation du tertiaire et la construction bas carbone pourraient faire baisser de 75 % les émissions des bâtiments d’ici à 2050. Une révolution des transports, voyageurs et marchandises, additionnerait covoiturage, autopartage, télétravail et report modal. Le parc actuel de 600?000 voitures serait divisé par deux et l’occupation moyenne serait de deux personnes par auto au lieu de 1,1. Le fret fluvial et ferroviaire serait largement développé et la logistique du dernier kilomètre forcément propre. Il est même prévu d’élaborer un schéma de la logistique bas carbone à l’échelle de l’Ile-de-France. Enfin, nos modes de consommation vont devoir changer. Agriculture urbaine et circuits courts sont au menu. Favoriser l’économie de fonctionnalité va permettre de réduire la production de déchets. Une baisse vivement encouragée par une tarification incitative dont l’étude pourrait être lancée dès cette année par la Ville de Paris. Restent quand même quelques freins à lever, notamment financiers. Avec des réponses comme un bonus-malus sur la fiscalité locale, des critères d’écoconditionnalité sur les autorisations, aides et subventions mais aussi la création de fonds d’investissements territoriaux. Séduisant non ?1. Paris change d’ère – Vers la neutralité carbone, réalisée par le groupement Elioth, Quattrolibri et Mana.