Alors que l’année 2019 tire à sa fin, la Fédération des entreprises du recyclage (Federec) a présenté, ce mercredi 30 octobre, son observatoire statistique pour le marché du recyclage en 2018. « Une année de transition et des nuages à l’horizon », analyse la fédération professionnelle.
En 2018, le volume global de déchets collectés a progressé de 2% pour atteindre 107 millions de tonnes, contre 105 millions de tonnes en 2017. Ces résultats sont notamment portés par « l’activité BTP en croissance continue sur toute l’année », souligne la fédération des entreprises du recyclage (Federec). Après une année 2017 réjouissante pour l’ensemble des filières du recyclage, l’année 2018 laisse présager un futur moins radieux. C’est ainsi un bilan en demi-teinte qui est établi ce mercredi 30 octobre par Federec. « Porté par un élan positif pendant tout le premier semestre, l’ensemble de la profession s’est retrouvée en difficulté fin 2018, sans toutefois lâcher prise », a reconnu Jean-Philippe Carpentier, président de Federec.
Les « nuages » survenus fin 2018 trouvent leur source dans deux causes : « Nous sommes confrontés à des problèmes de débouchés pour certaines matières, comme le papier-carton qui est un secteur en warning complet », s’inquiète Jean-Philippe Carpentier. Par ailleurs, « il existe une crise sur les exutoires des déchets ultimes en alternative au stockage : l’une des voies de sortie est le CSR mais la France n’a pas bougé à ce sujet », se désole le président de Federec, qui rappelle l’objectif français de réduire l’enfouissement de 50% à l’horizon 2025.
La filière papiers-cartons particulièrement impactée
La filière la plus impactée est donc celle des papiers et cartons. Le volume de collecte a diminué de 4,6 % en 2018 (6,961 millions de tonnes). « C’est la première fois qu’on observe une telle baisse », soulève Pascal Genneviève, président de Federec papiers-cartons. La décroissance du recyclage du papier graphique, qui reflète la baisse des usages dans la société y compris dans le secteur de la presse, inquiète particulièrement les professionnels. « Nous voulons absolument éviter la fermeture des centres de tri », alerte Pascal Genneviève. D’autant que « la situation se dégrade beaucoup en 2019 avec la saturation du marché européen, due aux difficultés d’écoulement des excédents à l’export, qui sont liées à la fermeture des marchés asiatiques », conclut-il.
Autre filière chahutée fin 2018 : celle des métaux ferreux. « Le prix à la tonne va diminuer de 50 à 60 euros », souligne Marie-Pierre Mescam, présidente de Federec métal. Les volumes collectés tendent à diminuer, notamment du fait du ralentissement des marchés automobiles. « Il est urgent de mettre en place des soutiens à l’incorporation des ferrailles pour orienter le marché vers les filières électriques », estime Marie-Pierre Mescam. Les métaux non-ferreux connaissent également une baisse de régime : en 2018, la filière enregistre une baisse de 5,2% de son chiffre d’affaires, en partie à cause de la fermeture du débouché chinois.
Baisse du chiffre d’affaires mais hausse des investissements
Côté chiffre d’affaires, les entreprises du recyclage ont connu une légère baisse en 2018 (- 0,8%) : il atteint 9,04 milliards d’euros, contre 9,11 milliards en 2017. Néanmoins, les investissements ont augmenté de 5,9% pour atteindre 568 milliards d’euros. « La très bonne année 2017 a permis de faire des investissements conséquents », explique le président de la fédération professionnelle. 44% de ces investissements ont été consacrés au renouvellement des machines de tri, et 27% au renouvellement du matériel de collecte.