Trédi Saint-Vulbas est désormais « le premier acteur français et mondial de la régénération du brome », a vanté Maxime Séché, directeur général du groupe Séché Environnement lors de l’inauguration du « Maxibrome » le 08 juin. Avec le déploiement de son procédé novateur de régénération du brome, le site est capable de couvrir près d’un tiers des besoins de l’industrie française en brome recyclé à partir de déchets issus de la chimie, autrefois considérés comme dangereux et éliminés par incinération.
Le brome est un élément chimique qui joue un rôle essentiel dans la fabrication de produits tels que les retardateurs de flamme, les produits de désinfection, les médicaments et les produits cosmétiques. Problème : son extraction à partir de sources naturelles, comme de la mer Morte, peut avoir un impact environnemental important, notamment en termes de consommation d’eau. C’est là que la régénération du brome à partir de déchets entre en jeu, offrant une alternative plus durable aux industriels. La production d’une tonne de brome régénéré à partir de déchets génère en moyenne 20 fois moins de CO2 que celle d’une tonne de brome vierge. Cette régénération permettrait également de réduire la consommation d’eau, puisque Maxibrome consomme en moyenne jusqu’à 3 000 fois moins d’eau que la production de brome vierge, souligne le directeur général du groupe Séché.
Une tonne qui rentre, presque une tonne qui ressort
La technologie ne date pas d’hier. Le procédé de régénération des saumures bromées, breveté, est déployé depuis 2015 sur le site de Trédi Saint-Vulbas. Aujourd’hui, les équipes de la filiale de Séché Environnement vont encore plus loin avec « Maxibrome ». En ajoutant de l’oxygène lors de la phase de combustion, elles ont réussi à augmenter de 60 % les capacités de production de brome régénéré du site, passant ainsi de 15 mille tonnes en 2015 à 26 mille tonnes par an.
Avant cette solution, cette matière contenue dans les déchets était perdue et éliminée par incinération, poussant les industriels à opter pour du brome vierge. « Nous sommes arrivés avec notre technologie pour reprendre ces déchets et faire du brome propre que nous livrons à nouveau aux industriels. Certes, il y aura toujours recours au brome vierge tant que les besoins continuent d’augmenter, mais si demain l’extraction de brome s’arrête, nous pouvons continuer à régénérer à l’infini le brome déjà utilisé par les industriels de la chimie. Toutefois, nous ne pouvons pas combler les volumes complémentaires qu’il faudra obligatoirement chercher dans les milieux naturels », nous explique Frédéric Hummel, directeur du site de Trédi Saint-Vulbas, et d’ajouter : « Grâce au Maxibrome, nous récupérons 99 % du brome contenu dans une tonne de saumures bromées qui rentrent dans le site, et nous avons seulement 1 % de perte durant le processus. »
Comment s’effectue la régénération ?
À Saint-Vulbas, Trédi dispose de six cuves de 100 m3 dédiées à la réception et au stockage des saumures bromées provenant des industriels. Démarre ainsi le processus de régénération en trois étapes clés, à commencer par l’oxycombustion. Durant cette première étape, Trédi incinère la matière organique contenue dans les déchets, dont la quantité varie en fonction de l’origine du client, qu’il s’agisse de l’industrie pharmaceutique ou chimique. En maintenant le four en dépression, se forme un brouillard particulaire qui se compose des sels. Ces sels se transforment en minuscules cristaux entraînés vers la deuxième étape : la redissolution des sels. « Dans le four, nous passons de la phase liquide à la phase vapeur, qui est transportée grâce à un ventilateur maintenant l’installation en dépression. Les particules sont donc entraînées vers les tours de lavage, où nous redissolvons ces sels grâce à la baisse de température pendant le lavage, ce qui est connu sous le nom de dépoussiérage. Ici, nous commençons par réduire la température de 900 degrés à 70 degrés à l’aide d’un outil appelé "quench", puis nous maintenons une température de 70 degrés pour redissoudre les sels de brome », nous apprend Sylvain Durécu, directeur de la recherche et du développement au groupe Séché. Ensuite, grâce à la boucle de concentration et aux tours de lavage, Trédi effectue une purge en continu pour obtenir des saumures purifiées qui deviendront des produits.
Processus de régénération du brome à Trédi Saint-Vulbas. Crédit : Séché Environnement
Avant de les envoyer dans les réservoirs en vue de leur redistribution aux clients, une dernière étape s’impose, celle de l’épuration finale des gaz avant le contrôle des émissions. « La dernière étape consiste à purifier les gaz afin d’éliminer les dernières traces de poussière. Il est aussi important de respecter les normes réglementaires en matière d’émissions de poussière. Nous contrôlons durant cette dernière étape les concentrations de monoxyde de carbone, d’acide bromhydrique et de poussière (les quelques traces de sel qui n’ont pas été éliminées lors de la première phase de redissolution) au niveau de la cheminée », précise le directeur de la recherche et du développement.
Cinquième au rang mondial
Grâce à cette innovation et à un investissement total de 12 millions d’euros (incluant l’installation de la solution en 2015), le site devient ainsi le leader mondial de la régénération du brome. Alors qu’il couvre un tiers des besoins français en brome, il ambitionne dorénavant de régénérer tout le brome déjà utilisé en France et en Europe pour favoriser le circuit court et éviter au maximum le recours au brome vierge. « Le besoin français est estimé entre 13 mille et 15 mille tonnes par an, la production de brome au niveau mondial est de 600 mille tonnes avec sept producteurs mondiaux dans sept pays localisés à proximité de la mer Morte, dont la Jordanie, Israël, puis la Chine et les États-Unis. Ce qui est étonnant, c’est qu’avec notre production de brome régénéré, on arrive aujourd’hui au cinquième rang mondial », note le directeur du site à Saint-Vulbas.