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TERRITOIRES

Paris rêve de devenir une ville-jardin sans nuisances sonores

PUBLIÉ LE 5 OCTOBRE 2021
ABDESSAMAD ATTIGUI
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Paris rêve de devenir une ville-jardin sans nuisances sonores
Il y a eu 12.000 signalements de nuisances sonores cet été à Paris. Crédits : Cocoparisienne/Pixabay
Végétalisation et lutte contre la pollution sonore seront au cœur du prochain Conseil de Paris. L’équipe municipale a dévoilé ce mardi 05 octobre, les principales mesures retenues dans le premier Plan Arbre et le Plan Bruit, qui seront soumis au Conseil municipal du 12 octobre.

D’un côté, une charte de l’Arbre, forêts urbaines, replantations et de l’autre, de nouveaux revêtements acoustiques, radar sonore et un contrôle renforcé des terrasses. Christophe Najdovski, adjoint à la Maire de Paris en charge de la végétalisation de l’espace public et Dan Lert, adjoint à la Maire de Paris en charge de la transition écologique, ont présenté ce mardi à l’Académie du Climat les contours de leurs plans respectifs, Arbre et Bruit .

Source de stress, de fatigue, ou encore de pathologies comme les maladies cardiovasculaires, la pollution sonore constitue aujourd’hui « un enjeu de santé publique », considère Dan Lert qui rappelle que 25 millions de Français subissent les coûts de ces nuisances. « Les Parisiens perdent huit mois de bonne santé à cause du bruit routier », ajoute-t-il. Mais Paris entend mettre en sourdine ces excès de bruit à travers son Plan Bruit qui comporte une trentaine d’actions.

Pour l’équipe municipale l’objectif est clair, celui de réduire la nuisance sonore de 2 décibels à l’horizon 2026, soit plus de 100.000 Parisiens qui seraient moins exposés au bruit. Question de faisabilité ? le maire adjoint Dan Lert prend l’exemple de la « Journée sans voiture » organisée mi-septembre dernier et qui aurait engendré le temps d’un dimanche, une baisse de « 3 décibels ». Pour y parvenir, le Plan Bruit présenté se décomposera en deux parties : 15 actions pour réduire le bruit routier et 15 actions pour réduire le bruit de voisinage.

Radar sonore et quartiers festifs ciblés

La municipalité place les deux-roues motorisés et les voitures dans son viseur. Pour réduire ces émissions sonores, le Plan se repose sur la réduction des vitesses à 30 km. Une mesure appliquée depuis cet été qui aurait permis de « diviser par 2 le bruit » dans les rues concernées. Celle-ci ira de pair avec les Zones à faibles émissions qui contribueraient à réduire les nuisances sonores « en évinçant les véhicules les plus anciens et les plus bruyants », précise l’adjoint au maire. Les voiries bénéficieraient également de nouveaux revêtements acoustiques pour un surcoût qui ne dépasserait pas 10 %.

« Une moto débridée avec un pot d’échappement qui n’est pas homologué peut réveiller jusqu’à 10.000 personnes la nuit à Paris », commente Dan Lert. Alors que « l’État est aux abonnés absents » concernant le contrôle technique des motos, le Plan se saisit de la problématique en déployant deux radars sonores pour contrôler et verbaliser les motos et véhicules trop bruyants. Le XVIIe arrondissement rue Cardinet et le XXe rue d’Avron, ont été sélectionnés pour expérimenter dans un premier temps des capteurs pendant 4 mois dans le but d’ajuster le matériel en conditions réelles. Les véhicules bruyants seront verbalisés à compter de janvier 2023 sur ces deux rues et la mesure pourrait être généralisée à d’autres rues.

Les quartiers festifs et les terrasses n’y échappent pas. Pour trouver un équilibre entre le monde vivant de la nuit et la tranquillité des riverains, le Plan Bruit renforcera les actions de contrôle de la police municipale par rapport à cet été pendant lequel « il y a eu 12.000 signalements sur la plateforme DansMaRue et 991 procès verbaux adressés aux exploitants des établissements ». Les contrôles seront accentués notamment avec le nouveau règlement des terrasses qui « donnent des prérogatives renforcées » à la police municipale qui sera capable de contrôler et sanctionner en allant de l’avertissement au retrait temporaire ou définitif de l’autorisation des terrasses.

Les capteurs méduses seront également doublés dans les quartiers festifs de Paris qui permettent « d’objectiver les nuisances sonores, de connaître, l’intensité des bruits et d’améliorer la médiation entre les riverains, les mairies d’arrondissement et les exploitants de ces établissements pour améliorer l’environnement sonore », conclue Dan Lert.

La nature dans Paris

Paris multiplie les luttes. A la pollution sonore s’ajoute la lutte contre les îlots de chaleur et de la pollution de l’air. Quoi de mieux que les arbres qui « sont les meilleurs climatiseurs naturels et qui peuvent faire baisser de 4 degrés la température », souligne Christophe Najdovski, adjoint à la Maire de Paris en charge de la végétalisation. Ce dernier a présenté un Plan Arbre, qui « contribuera au Plan Bruit » avec 23 grands engagements et une soixantaine de mesures afin de passer d’une « ville avec des jardins à une véritable ville-jardin ».

L’objectif consiste à augmenter le parc arboré parisien en plantant 170.000 arbres sur 6 ans, parmi lesquels on compte 14.000 replantations après abattage. Sur les 200.000 arbres présents dans la Capitale, en moyenne 3000 arbres sont abattus chaque année « 80 % pour des raisons phytosanitaires et 20 % dans le cadre de projets ». La municipalité compte donc « planter partout où cela est possible » pour atteindre cet objectif fixé. Toutes les possibilités sont inclues pour y parvenir : les bois (45.000 arbres), les espaces publics (10.000), les axes périphériques (70.000 arbres), les espaces verts existants ou à créer (20.000), les équipements municipaux comme les écoles et stades (2000), et les lieux privés, de grands propriétaires fonciers comme SNCF, RATP, ou des copropriétés (4000 plantations). « 100 hectares de l’espace public seront débitumés, soit 4 fois le parc des Buttes-Chaumont », ajoute l’adjoint au Maire.

Le Plan comporte également un principe de surcompensation pour aller au-delà de la compensation écologique. « Les arbres remplacés par le principe de compensation à l’unité n’ont pas la même couverture végétale », déplore Christophe Najdovski. Avec la surcompensation, le plan obligera les opérateurs à planter plus d’arbres qu’ils n’en abattent, et permettra de retrouver à minima une valeur écologique équivalente, « c’est-à-dire, lorsque les arbres seront matures, ils auront au minimum la même couverture végétale voire une couverture supplémentaire ». De plus, le tarif d’abattage sera revalorisé de 32 % pour « faire comprendre le changement de paradigme ! On ne conçoit plus les projets urbains en considérant l’arbre comme un objet, mais en tant qu’un être vivant ». Une tarification dissuasive pour inciter les opérateurs à revoir leurs projets dans un sens plus protecteur de l’arbre.

Adaptation au changement climatique

Les chaleurs estivales sont de plus en plus intenses. Face à cette problématique, le Plan Arbre mise aussi sur l’installation des Forêts urbaines appelées « Miyawaki » qui créent un îlot de fraîcheur naturel. Trois zones ont été identifiées pour leur implantation : Place de Catalogne (une réunion de concertation démarrera ce mois-ci avec les riverains pour une installation prévue en 2024) ; Parvis de l’Hôtel de Ville et La Petite Ceinture.

La Ville de Paris a également mené une réflexion sur l’adaptation des différentes essences d’arbre aux conditions climatiques à venir. L’étude Arbre et Climat, dont les données seront publiées en 2022, complétera le plan Arbre et permettra à la municipalité d’adapter son patrimoine arboré à l’évolution du climat en sélectionnant les essences les plus résistantes.
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