Certaines fonctionnalités de ce site reposent sur l’usage de cookies.
Les services de mesure d'audience sont nécessaires au fonctionnement du site en permettant sa bonne administration.
ACCEPTER TOUS LES COOKIES
LES COOKIES NÉCESSAIRES SEULEMENT
CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
Accueil > Actualités > Biodiversité > Éducation à l'environnement, UNE MATIÈRE EN OPTION
BIODIVERSITÉ

Éducation à l'environnement, UNE MATIÈRE EN OPTION

PUBLIÉ LE 1er SEPTEMBRE 2011
LA RÉDACTION
Archiver cet article
Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
Septembre, une nouvelle rentrée s'annonce. Au collège, après les sixièmes et les cinquièmes, c'est au tour des classes de quatrième d'inaugurer les nouveaux programmes progressivement mis en place depuis 2008, de la primaire au lycée. Des programmes qui engagent la généralisation de l'éducation au développement durable (EDD) à l'école. Cette année, Véronique Bonvallot, professeur de sciences de la vie et de la Terre (SVT) dans un collège de la région toulousaine, va organiser avec ses cinquièmes un nouvel atelier scientifique pour découvrir l'environnement local, en collaboration avec ses collègues de physique-chimie et de technologie. « Ce qui change, c'est que les élèves peuvent théoriquement définir le développement durable en fin de cinquième, sur la base du schéma classique à trois cercles. Mais, concrètement, pour qu'ils ne passent pas à côté, c'est au prof de donner du sens au concept. » Depuis deux ans, ses élèves ont travaillé successivement à la réalisation de véhicules solaires avec des matériaux de récupération, puis à l'étude de la biodiversité locale. « Un atelier s'organise hors de l'emploi du temps scolaire et nécessite pas mal de préparation en amont. Pour les profs, qui le considèrent presque comme du bénévolat, c'est assez peu motivant », juge la jeune prof. Et, de manière générale, les créneaux consacrés à l'interdisciplinarité se restreignent, rendant beaucoup plus difficiles pour les enseignants la mise en place des thèmes de convergence sur le développement durable. Face à cette nouvelle mission, certains profs emballés par la thématique s'y retrouvent ; d'autres reprochent l'effet de mode et une entrée très politique et artificielle. Responsable du groupe SVT au Snes-FSU, Valérie Sipahimalani appartient au clan des sceptiques. « À l'heure actuelle, l'EDD fait soupirer beaucoup de monde. On a un peu l'impression de devoir passer une couche de vernis superficiel sur les disciplines, sans pouvoir approfondir. » Pour accompagner les nouveaux programmes, les équipes peuvent compter sur les séquences pédagogiques mises en ligne par leurs académies ou sur des sites pédagogiques plus spécialisés. L'académie de Paris a, par exemple, organisé des conférences thématiques pour accompagner la généralisation du DD dans les programmes d'histoire-géographie de cinquième. Mais les profs subissent surtout au niveau national la diminution drastique des heures de formation continue. « Après le soufflé médiatique du Grenelle, l'EDD est loin d'être une priorité réaffirmée par le ministère, confirme Laurent Escure, secrétaire national du syndicat enseignant SE-UNSA. On pourrait d'ailleurs faire un parallèle avec l'éducation à la sexualité. Autant d'apprentissages qui sont mis sur le devant de la scène un temps, mais qui manquent d'accompagnement, en termes de formation et de moyens financiers. » Disparition des IUFM, vagues de suppression de postes dans le cadre de la réforme, l'ambiance côté enseignants est plutôt morose. « Sur l'EDD, le ministère vante les mérites du partenariat, mais il y a surtout derrière cet affichage d'ouverture une volonté d'externaliser certaines missions de l'école, juge la syndicaliste du Snes. Pour nous, une véritable EDD doit rentrer dans les contenus scientifiques des programmes et ne peut se restreindre à une sorte de catéchisme sur les écogestes divulguée par des associations. » Sous d'apparentes guerres de chapelle, les relations diplomatiques entre l'école et les associations d'éducation populaire ont toujours été compliquées. Et le malaise grandit. Créé en 1983, le réseau École et nature ( REN) porte au niveau national la parole de ses 26 réseaux territoriaux d'éducation à l'environnement (régionaux - Graine, Ariena... - et départementaux). Il défend une approche sensible de l'environnement. « Le glissement sémantique qui s'est opéré dans la politique éducative n'est pas neutre. L'éducation au développement durable efface le mot environnement, qui porte nos valeurs historiques. C'est dans l'éducation à l'environnement que les pionniers se reconnaissent. En misant sur des pédagogies actives qui ne mobilisent pas seulement le cerveau des enfants, mais aussi le coeur et la main », considère Roland Gérard, cofondateur du réseau et coprésident du Collectif français pour l'éducation à l'environnement vers un développement durable ( CFEEDD), émanation du réseau élargie à la société civile. Directrice de l'Union nationale des centres permanents d'initiative à l'environnement ( CPIE), qui réunit 80 associations labellisées, Brigitte Giraud relativise. « Sur le terrain, les associations d'éducation à l'environnement agréées par l'Éducation nationale sont partenaires de longue date des enseignants. Ils nous sollicitent pour réaliser des animations en classe, organiser des sorties et des classes de nature et nos relations sont constructives. C'est vraiment au niveau national que le ton monte. » En rassemblant tous les acteurs de l'EEDD - l'État aux côtés des associations -, le nouvel espace national de concertation, créé en 2009, parviendra-t-il à venir à bout des blocages réciproques ? Actif depuis 1977, le réseau régional Ariena coordonne, en Alsace, le comité de pilotage d'éducation à l'environnement en collaboration étroite avec l'Éducation nationale et avec le soutien actif du conseil régional, qui lui accorde 700 000 euros par an de subventions. « Avec les partenaires académiques, nous ne nous formalisons pas sur les termes. Notre porte d'entrée, c'est l'environnement et nous essayons d'intégrer des aspects économiques et sociaux. Mais les enseignants sont surtout demandeurs de projets sur la découverte concrète de la nature. Et, de notre expérience, les élèves de primaire sont souvent trop jeunes pour aborder de front le DD dans toute sa complexité », estime Yann Delahaie, responsable des ressources pédagogiques à l'Ariena qui pilote depuis quatorze ans « Protéger l'environnement, j'adhère ». Soutenu par une quinzaine de partenaires (État, collectivités, entreprises) à hauteur de 110 000 euros par an, ce dispositif est basé sur la coconstruction de projets annuels entre animateurs et enseignants. Pour l'année scolaire 2010-2011, 113 classes ont pu bénéficier de plus de 1 700 heures d'animations. « Nous favorisons une approche de terrain. Ça peut être l'installation de gîtes à insectes dans l'école ou la mise en place d'un système de tri. L'idée, c'est d'amener les élèves à agir concrètement pour l'environnement. » Mais les difficultés croissantes à faire sortir les élèves inquiètent de plus en plus la communauté associative. Question de moyens et de sécurité, d'éducation recentrée sur les fondamentaux. L'Association des maires de France a même lancé, en mai dernier, un appel pour relancer les classes de découvertes, qui ont décliné de 20 à 30 % en dix ans alors qu'elles constituent le support privilégié des pédagogies actives. Les associations craignent dans ce contexte une réelle remise en question de leur activité et le développement d'une éducation à l'environnement « hors sol ». Membre du CPIE Béarn et du Graine Aquitaine, Éducation Environnement 64 organise pour les scolaires des journées d'observation de la nature en montagne. « Nous travaillons depuis vingt ans avec les écoles et les collèges du coin. Le bouche-à-oreille marche bien, les enseignants nous appellent », explique Stéphane Blanche de l'association, qui participe au groupe « Sortir » du REN pour replacer la nature comme lieu d'éducation. Depuis deux ans, le conseil général des Pyrénées-Atlantiques a recentré ses aides sur les collèges dont il a compétence. En France, les lycées sont gérés par les Régions et les écoles par les communes. « Et comme les petites municipalités ont peu de moyen, on travaille de moins en moins avec les primaires alors que c'est le public le plus facile pour nous, avec un calendrier souple et un interlocuteur unique par classe. » Basé sur le partenariat, le financement des projets devient lui aussi difficile. Si les collectivités s'impliquent et fédèrent actuellement de nombreuses dynamiques locales, le recours croissant aux appels d'offres place les associations en simples prestataires soumis à la concurrence. Quant aux financements privés, ils restent timides. L'éducation à l'environnement est considérée comme le parent pauvre des projets soutenus par le mécénat environnemental. « Le hic, c'est qu'on nous propose peu de projets structurants à l'échelle nationale. Soutenir un projet pédagogique revient alors à financer un salaire au sein d'une association. Les mécènes préfèrent investir dans du concret », constate David Sève, directeur de la Fondation Nature et découvertes, qui a adapté ses aides aux spécificités du secteur depuis 2008 et lui consacre aujourd'hui, tant bien que mal, un petit tiers de son enveloppe annuelle. Engager une dynamique de projet au sein de l'école, c'est également l'un des objectifs affichés depuis 2007 par l'Éducation nationale via le développement des établissements en démarche de développement durable (E3D). « Qu'importe la voie choisie, l'important c'est que l'e nsemble de la communauté éducative s'implique sur des projets de long terme conjuguant enseignements, gestion de la structure scolaire et son ouverture sur l'extérieur par le partenariat », insiste Jean-Michel Valantin, haut fonctionnaire chargé de l'EDD au ministère de l'Éducation nationale. Tout ça à coût constant, mais avec l'accompagnement des comités de pilotage EDD créés au sein des trente académies. Dans ce cadre, celle de Rouen a lancé en 2005, avec quinze partenaires (collectivités, associations), sa propre démarche régionale d'établissements et écoles du développement durable, label à la clé. Aujourd'hui, elle atteint les 250 participants accompagnés par autant de relais académiques. Sur le reste du territoire, on connaît mieux les démarches d'Agenda 21 scolaire proposées par le Comité 21 en 2005 et le programme international Eco-école lancé en 2006 par la Fondation pour l'Éducation à l'Environnement en Europe ( F3E). À ce jour, près de 600 agendas scolaires sont en cours et 1 300 établissements sont des éco-écoles, dont 60 % de primaire. Basé sur un plan d'action global, l'Agenda 21 scolaire est une démarche volontaire des établissements. Plus cadré, Eco-école décline un thème par an et permet l'obtention d'un label (50 % des démarches). À ces quelques nuances près, ils poursuivent la même finalité. Faire vivre le comité de pilotage le plus large possible au sein des établissements (enseignants, élèves, personnels administratifs, collectivités) et stimuler une démarche de progrès qui survive aux premières années. Avec une difficulté majeure. « Tout repose parfois sur la motivation d'un enseignant. Il suffit d'une mutation et c'est le coup d'arrêt de la démarche », reconnaît Thierry Lerévérend, à la F3E, qui travaille avec quatre-vingts relais locaux associatifs pour accompagner les écoles. Gratuit pour les établissements, le programme est financé en grande partie par des entreprises (Eco-Emballages, GDF Suez, HSBC, Avenance). « Leur soutien est sans ambiguïté ; il concrétise leur engagement citoyen. Elles n'en attendent pas plus qu'un retour en termes d'image », précise la F3E. En revanche, depuis quelques années, les entreprises se lancent aussi dans l'élaboration d'outils pédagogiques qu'elles destinent directement aux scolaires : sites internet, mallettes pédagogiques, animations... Des initiatives qui mêlent bons sentiments, stratégie de responsabilité sociale, mais qui font toujours craindre un risque de prosélytisme. La porte des écoles est bien gardée, rassure l'Éducation nationale, des conventions encadrent ses collaborations avec l'extérieur, qu'il s'agisse d'EDF... ou des chasseurs.
PARTAGEZ
À LIRE ÉGALEMENT
Un premier fonds biodiversité dédié à l’éolien en mer
Un premier fonds biodiversité dédié à l’éolien en mer
La biodiversité et le génie écologique font salon
La biodiversité et le génie écologique font salon
Restauration de la nature : la loi européenne adoptée de justesse (et définitivement)
Restauration de la nature : la loi européenne adoptée de justesse (et définitivement)
L’Ifremer et Nausicaá alertent sur les dangers de l’exploitation minière des fonds marins
L’Ifremer et Nausicaá alertent sur les dangers de l’exploitation minière des fonds marins
Tous les articles Biodiversité
L'essentiel de l'actualité de l'environnement
Ne manquez rien de l'actualité de l'environnement !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS