Pour la première fois, une étude révèle la menace de disparition qui pèse sur les araignées. Sur les 1622 espèces natives recensées en France, 170 sont menacées.
Entre dégradation des habitats, pollutions, fréquentation excessive et changement climatique, les araignées subissent de nombreuses pressions en France. Selon une étude inédite réalisée par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), plus de 10 % des araignées de France métropolitaine sont menacées.
Elles suscitent la crainte de la population, pourtant ces créatures sont essentielles pour l’équilibre des écosystèmes en régulant les populations d’insectes et en servant de bioindicateurs pour la qualité des milieux. Confrontées à la dégradation et la destruction des habitats naturels, sur les 1622 espèces natives recensées en France, 170 sont désormais menacées, tandis que 101 autres sont proches de l’être et sont classées « quasi menacées », révèle l’étude.
Les espèces de prairies, comme la Cyclosa insulaire, sont affectées par l’urbanisation croissante, tandis que les araignées vivant en forêt, comme la Tégénaire rouillée, pâtissent de l’exploitation intensive des arbres. Les araignées inféodées aux milieux humides, comme la Dolomède des roseaux, sont également menacées par la disparition de leurs habitats et les modifications du régime hydrique. Les pollutions, notamment agricoles, industrielles et urbaines, affectent directement certaines araignées en les contaminant par exposition, ou indirectement en réduisant la disponibilité de leurs proies. La fréquentation excessive des milieux et la collecte de spécimens pour la terrariophilie constituent également des menaces. Le changement climatique est également un facteur croissant de menace, en altérant la qualité de l’habitat des espèces montagnardes, comme la Coelotes catalane.
Absence de mesures de protection
Alertées par cette étude, les associations de protection de l’environnement et les organismes de recherche appellent à la sensibilisation et au déploiement de mesures de conservation efficaces. « Malgré les menaces qui pèsent sur les araignées, aucune espèce ne fait à ce jour l’objet d’un programme de conservation dédié ou de mesures de protection spécifiques. L’état des lieux souligne en particulier l’importance de renforcer la préservation des habitats naturels par la mise en place d’aires protégées ou d’une gestion adaptée pour assurer leur sauvegarde à long terme. Les résultats de la Liste rouge nationale devront contribuer à orienter les stratégies de connaissance et les priorités d’action pour préserver l’exceptionnelle diversité de ces espèces essentielles à nos écosystèmes », font savoir les associations dans un communiqué.