À quel stade de développement en est l'hydrolienne d'HydroQuest ? L'entreprise a été fondée en 2010 après dix ans de recherche à l'Institut national polytechnique de Grenoble, avec le CNRS et l'Insa Lyon. Ce travail a permis de développer un concept inédit dans l'hydrolien marin. Contrairement aux autres technologies, notre solution est basée sur deux axes verticaux, et non horizontaux, autour desquels tournent des turbines sur un, deux ou trois étages. Nous avons candidaté avec les Constructions mécaniques de Normandie, CMN, à l'appel à manifestation d'intérêt de l'Ademe. Avec notre projet Searius, nous proposons dix turbines de 1,3 MW dans la zone du Raz Blanchard, en Basse-Normandie. Si nous sommes retenus, cette ferme pilote est prévue à l'horizon 2017-2018. Mais avant cela, nous allons construire dans les semaines à venir notre premier démonstrateur pour mener des essais courant 2015 à Paimpol-Bréhat. Quels obstacles technologiques reste-t-il à surmonter ? Le démonstrateur sera financé sur fonds propre. L'hydrolienne sera fabriquée par le chantier naval de CMN, à Cherbourg, et devrait lui coûter entre 5 et 10 millions d'euros. C'est bien le signe que CMN croit dans notre technologie. Il s'agira d'un prototype de 600 kW, mesurant vingt mètres de long pour quinze de haut, et pesant plus de cent tonnes. L'objectif est de finaliser sa conception. L'hydrolien arrive presque à maturité. Pour HydroQuest comme pour la concurrence, il n'y a plus de défis technologiques à relever. Il reste des adaptations à faire, mais pas de véritables obstacles. Le marché sera-t-il suffisamment grand pour accueillir tous les prétendants ? Dans le monde, le marché de l'hydrolien marin est estimé à 60 GW, à installer entre 2020 et 2030. Il peut être divisé en deux. D'une part, les courants océaniques, que personne ne cible, car ils sont trop profonds et chers à exploiter. D'autre part, les courants de marée, pour lesquels il existe une quinzaine de grands sites. HydroQuest vise en priorité la France et la Grande-Bretagne, qui concentrent 80 à 85 % du marché européen et représentent plusieurs milliers d'hydroliennes. Il y a donc suffisamment de place pour différents acteurs. S'imposeront ceux dont les machines seront les plus rentables, au kilowattheure produit, en comptant aussi bien l'investissement initial que les coûts d'exploitation-maintenance. C'est là tout l'enjeu des prochaines années. Le pari d'HydroQuest est de concevoir une machine à rendement équivalent aux technologies concurrentes, autour de 40 %, mais plus simple et robuste pour réduire les investissements et les risques de panne. Pour y parvenir, nous nous sommes associés, outre CMN, à l'énergéticien girondin Valorem.