Que révèle votre premier compte de résultat environnemental ? Nous avons découvert que 93 % de l'impact environnemental du groupe relève de la chaîne d'approvisionnement, dont la moitié de la seule production de matières premières. Le deuxième poste, avec 26 %, est la transformation des matières premières et le troisième, avec 17 %, la fabrication et l'assemblage. Nous avons chiffré notre impact environnemental à 773 millions d'euros. Quelle méthodologie utilisez-vous ? Notre outil EP&L, pour Environmental Profit and Loss Account, présente trois caractéristiques : la collecte des données réelles à partir du reporting de nos différentes marques et de nos fournisseurs, des données d'analyse de cycle de vie validées par des experts et une modélisation économique. Nous évaluons nos impacts à travers 62 indicateurs dans les domaines de l'air, de l'eau, des déchets, des sols et des gaz à effet de serre, depuis la production des matières premières jusqu'à la vente des produits en passant par la logistique et les magasins. Pourquoi donner une valeur monétaire aux impacts environnementaux ? C'est une démarche d'écologie humaniste voulue par François-Henri Pinault. Il n'est pas suffisant de mesurer des consommations et des émissions sans s'interroger sur leur impact sur la société. En prenant en compte par exemple l'impact de la pollution de l'air sur la santé de l'homme ou de la consommation d'une ressource en eau rare, nous évaluons au plus près de nos impacts. C'est tout à fait novateur. Comment allez-vous utiliser ces résultats ? Si on veut conduire les actions les plus efficientes à effort économique donné, il faut s'appuyer sur un bon diagnostic. De plus, cet outil nous permet d'avoir un langage commun avec nos marques, leurs dirigeants et leurs fournisseurs. Cependant, nous n'avons pas attendu l'EP&L pour nous fixer des objectifs ambitieux comme la réduction de 25 % de la consommation d'eau, de déchets et des émissions de carbone. L'EP&L va nous aider à mieux les atteindre. Pourquoi offrir l'EP&L en open source ? Si on veut changer les choses en grand, c'est nécessairement tous ensemble. Toute entreprise qui se dotera d'un EP&L disposera d'une excellente base de départ à adapter à ses propres en-jeux. Nous avons la volonté de partager nos outils pour mieux agir sur la chaîne d'approvisionnement et obtenir des résultats plus importants pour la planète. Nous le faisons déjà au sein du WBCSD et nous participons à l'élaboration du Natural Capital Protocol qui vise à construire un cadre de référence mondial pour la comptabilité du capital naturel.