Treize millions de tonnes de CO2 relâché dans l’atmosphère. Ce chiffre fait du site industriel de Fos-sur-Mer le deuxième plus gros émetteur en France. C‘est donc là que le programme de recherche Vasco2, d’un montant de 2 millions d’euros financé à 50 % par l’Ademe, a choisi de lancer en octobre dernier son premier démonstrateur préindustriel de production de biocarburant à partir de microalgues et de CO2 recyclé.Beaucoup se sont déjà cassé les dents sur de tels projets car il s’agit d’une technologie en développement encore en quête de débouchés. « L’objectif n’est pas d’éliminer tout le CO2, mais de développer une filière de réutilisation des fumées issues des procédés industriels, sans traitement préalable. Une façon d’éviter les étapes onéreuses de purification et de captage », souligne Michaël Parra, le coordinateur du projet pour le port de Marseille-Fos.Dans cette optique, Vasco2 expérimente la culture de microalgues dans un bassin de 160 m2, dans lequel est injecté un mélange de CO2 et de NOx en provenance du site de Kem-One, un fabricant de produits chimiques. S’y ajoutent deux bassins de 10 m2, implantés dans des sites voisins, et un bassin de référence piloté par l’Ifremer à Palavas-les-Flots et alimenté par du CO2 pur.Jusqu’en 2018, la comparaison des trois installations conduira à définir quels intrants et quelles concentrations d’algues donnent les meilleures charges lipidiques dans la biomasse récoltée. La particularité de Vasco2 est de miser sur deux nouvelles technologies. D’une part, le système « tout-en-un » de la start-up Codelp, qui permet la dissolution du CO2 et la récolte en continu grâce à une colonne à dépression. D’autre part, une nouvelle voie de transformation de la biomasse en « biobrut », par liquéfaction hydrothermale, mise au point par le CEA.Face à ce bulldozer, l’Ademe soutient également le projet Cimentalgue, d’un budget total de 1,5 million d’euros. « Vasco2 utilise un mélange de microalgues pour produire un biocarburant à faible marge. Le projet Cimentalgue vise au contraire une souche spécifique, avec une optimisation très fine des systèmes de culture, afin de produire des molécules chimiques à haute valeur ajoutée, telles que des pigments ou des antioxydants », précise Christophe Lombard, responsable intégration industrielle de la société AlgoSource Technologies, partenaire du projet. Cimentalgue lancera en 2017 l’exploitation d’un démonstrateur sous serre de 500 m2 comprenant des bassins de culture ouverts et clos, ainsi qu’un système innovant de production intensifiée baptisé AlgoFilm. La nouveauté ? Récupérer de la chaleur fatale de la cimenterie voisine d’où le CO2 est issu, pour assurer le bon développement des cultures. Marine Bollard