La première édition des Rencontres technologiques européennes sur l'eau, Mid'Eau, s'est tenue les 15 et 16 mars 2011 à Toulouse. L'occasion de prendre conscience de la richesse des travaux de la recherche publique locale et des PME de la région Midi-Pyrénées. Côté public, cet ensemble comprend 40 équipes de recherche publique, 500 chercheurs et 450 étudiants. Côté privé, 30 entreprises sont activement impliquées et réunies dans le Club Eco Entreprises.
IMAGERIE SATELLITAIRE
Les compétences de ces laboratoires sont extrêmement variées : génie chimique, interactions biologiques, mécanique des fluides et ingénierie des systèmes...
Mais c'est peut-être du côté de l'imagerie satellitaire que Toulouse, capitale mondiale dans ce domaine, a une carte à jouer. Anny Cazenave, qui dirige le laboratoire Legos ( Cnes), précise que « dans une dizaine d'années, l'imagerie spatiale deviendra incontournable pour la gestion des eaux souterraines et de surface ». Les satellites qui font rapidement le tour de la terre permettent, par exemple, d'étudier des fleuves et des zones d'inondation : « Les débits ne sont pas directement mesurables depuis l'espace, mais il est possible de les calculer à partir de mesures de niveau en réalisant une courbe de tarage. » En quelques jours, toutes les rivières du monde pourraient ainsi être étudiées.
Autre application en gravimétrie spatiale, pour suivre les variations spatio-temporelles de réserves d'eau, qu'elles soient de surface ou souterraines. « Cette technique est intéressante pour l'hydrologie et l'étude du changement climatique. Elle est testée sur le bassin Adour-Garonne », ajoute-t-elle.
Pour Jean-Luc Probst, directeur du laboratoire Ecolab, « l'imagerie satellitaire permet aussi de travailler sur la qualité de l'eau (sédiments, polluants agricoles, etc.) et de modéliser les interactions air/eau ou eaux souterraines/sol ». En travaillant sur des modèles atmosphériques et hydrologiques, les crues éclairs du Gardon ont ainsi été simulées par Ecolab. D'autres travaux ont montré les pollutions causées par un épandage des pesticides réalisé en période de pluies et de crues importantes.
GÉNIE BIOLOGIQUE
Le Laboratoire de génie chimique (LGC) dispose de compétences variées : génie chimique, mécanique des fluides, ingénierie des systèmes, etc. Une de ses particularités est de pouvoir travailler sur l'ingénierie autour des systèmes microbiens, pour analyser les possibilités de prévention des pollutions ou développer la bioraffinerie. « On peut imaginer d'utiliser les biofilms au lieu de les subir, de développer des capteurs électrochimiques pour l'eau. On a aussi développé une membrane catalytique adaptée pour le secteur de l'eau, notamment pour les BRM traitant une DCO dure », explique Pierre Amar, chercheur au LGC.
DEUX AXES CLÉS
Du reste, les thématiques des capteurs et des membranes sont deux axes clés de recherche en Midi-Pyrénées.
Le cluster WSM (Water Sensors Membranes) a ainsi été créé en 2010, autour de trois laboratoires et des entreprises Polymem, Aquasource, Pall Exekia et Neosens. Par ailleurs, des travaux sont en cours pour développer des capteurs pour le mercure ou les nitrates. Le Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes ( LAAS) travaille sur des systèmes d'analyseurs micro- et nanofluidiques, sur les microcapteurs et multicapteurs, les réseaux de capteurs, la supervision, etc.
Tout cela ne constitue qu'une partie des thèmes de recherche, qui concernent aussi la production d'énergie à partir des eaux usées, les bioplastiques à partir des boues, la réduction de l'empreinte environnementale, la maîtrise du risque et de la qualité des traitements (virus, nanoparticules, reuse en cycle court ou long...), etc. Mais il faut surtout souligner l'implication de la région et des collectivités locales. C'est ainsi que la communauté urbaine du Grand Toulouse prévoit de transformer la station d'épuration de Brax (2 000 EH) en un site d'expérimentation à destination des chercheurs publics et des entreprises. Ce site servira aussi de vitrine pour les écoles et de lieu de formation.