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ÉNERGIE

Linky : bénéfique à Enedis et non aux usagers selon la Cour des comptes

PUBLIÉ LE 9 FÉVRIER 2018
EVA GOMEZ
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Linky : bénéfique à Enedis et non aux usagers selon la Cour des comptes
Linky serait trop coûteux et incompréhensible pour le consommateur, et ne profiteraient en grande partie qu’à Enedis, estime le rapport annuel de la Cour des comptes, publié le mercredi 7 février.

Le coût du déploiement des compteurs communicants Linky s’élève à 5,39 milliards d’euros, correspondant à la phase d’expérimentation, la phase de déploiement massif par Enedis, et l’atteinte des 100% de compteurs déployés en 2024. « Le coût ramené au compteur est de 130 euros », souligne le rapport publié le 7 février par la Cour des comptes. Et si l’on en croit les calculs de cette dernière, Enedis se verra remboursé de ses investissements dès 2021, après des augmentations de la facture des usagers. « La CRE a défini un mécanisme de différé tarifaire, dont l’objectif est de prendre en compte, pour la détermination du tarif de l’électricité au consommateur, le financement de l’investissement seulement lorsque Enedis sera en mesure de réaliser les gains attendus (réduction des pertes, télé-relève, interventions à distance), c’est-à-dire lorsque 90 % des compteurs Linky seront posés », rappelle la Cour des comptes. Cette dernière annonce ainsi un surcoût de 506 millions d’euros pour les usagers. Des conditions de rémunération « généreuses », qui « devraient être revues », d’après la conclusion de ce rapport.

Les usagers lésés ?

Par ailleurs, la Cour des compte souligne que « les coûts de pose des compteurs ont été optimisés, mais cette optimisation a été faite au détriment de la communication avec les usagers : en effet l’installateur n’a que peu de temps pour expliquer le fonctionnement du compteur puisque le temps total de pose est en moyenne de 30 minutes ». Regrettable pour la Cour des comptes, qui estime que « seuls les gains au niveau des consommateurs justifient économiquement le projet ». D’après ce rapport toujours, les seuls gains résultent de « la réduction des pertes non techniques, obtenue par la limitation de la puissance disponible dans la période d’absence d’occupation des logements et par une diminution des fraudes, soit 1,9 milliards d’euros des investissements évités, c’est-à-dire des investissements qui auraient été nécessaires si le système Linky n’avait pas été déployé ».

La durée de vie des compteurs Linky est également remise en doute et la Cour des comptes énonce le risque qu’elle soit inférieure au 20 ans retenus pour les calculs économiques. En ajoutant les coûts des systèmes d’information, qui n’ont pas été intégralement pris en compte, « le bilan économique du programme pourrait être, pour le périmètre de la distribution, légèrement négatif », annonce le rapport. La Cour des comptes rappelle également l’existence de lourdes oppositions au déploiement de Linky, « résultant des craintes en matière sanitaire et sur le plan de la protection des données individuelles ». Le rapport détaille également les points positifs que pourraient apporter les compteurs Linky, à savoir, une meilleure connaissance de la consommation, la mise à disposition de la courbe de charge, une meilleure maîtrise de la demande de pointe, ou encore le développement de la concurrence entre fournisseurs d’électricité.

La CRE, l’Etat et Enedis, invités à revoir leur copie

« En l’état actuel des travaux, le système n’apportera pas les bénéfices annoncés en ce qui concerne la maîtrise de la demande d’énergie. Il convient donc que l’État pilote effectivement les actions permettant de valoriser les contributions de Linky à la maîtrise de la demande d’énergie, en commençant par une meilleure information des usagers sur leur consommation, et que les apports du dispositif en matière de gestion du réseau de distribution électrique soient maximisés », conclut la Cour des comptes. Il est notamment recommandé à la CRE de « faire évaluer le dispositif de différé tarifaire pour en réduire le coût pour le consommateur » et de « faire évoluer la régulation incitative pour réduire la rémunération maximale dont pourrait bénéficier Enedis ». Le rapport conseille également à l’Etat de « mettre en place un véritable pilotage du programme portant sur toutes ses composantes, et notamment la maîtrise de la demande d’énergie ».

Pour rappel, huit millions de compteurs communicants Linky sont d’ores-et-déjà installés. 90% des nouveaux compteurs devraient être déployés d’ici 2021, rappelle la Cour des comptes. En 2024, 100% des compteurs électriques français seront remplacés par des compteurs Linky.
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