Une chose est sûre, la fonction de responsable développement durable ne connaît pas de développement fulgurant. En France, le nombre de directeurs développement durable s'élève à quelques dizaines seulement, en général dans les grandes entreprises. « Tout le monde ne peut pas se payer un directeur développement durable », justifie Jean-Luc Dupuis, directeur hygiène sécurité environnement chez Vallourec. Mais même parmi les entreprises cotées, « seulement la moitié d'entre elles se sont pliées à la loi NRE qui les oblige à publier un rapport social et environnemental », constate Jacques Bregeon, directeur du collège des hautes études de l'environnement et du développement durable ( Cheedd).
Et si les entreprises se disent concernées, elles ne le traduisent pas par un recrutement. « Ces postes demandent de l'expérience. Il est préférable d'avoir occupé plusieurs fonctions dans l'entreprise avant d'être appelé à cette responsabilité », explique Thomas Busuttil, ex-directeur développement durable de grands groupes (Vinci, PPR, SFR) qui a fondé en 2008 Imagin'able, sa propre structure de conseil en développement durable. C'est dire si la multiplication des formations initiales au développement durable est en décalage avec la réalité de l'entreprise. Celle-ci recherche avant tout des profils dont les connaissances en termes de métier lui apportent une plus-value technique. Ensuite, elle recourt à la formation continue pour développer les compétences de ses salariés. C'est le cas de Marine de Bazelaire, directrice du développement durable chez HSBC France. Diplômée d'un BBA en finances et d'un DEA en muséologie, elle a suivi la formation du Cheedd, il y a deux ans. « Je me suis retrouvée aux côtés d'un médecin, d'un syndicaliste, d'un membre d'une collectivité... », se souvient-elle.
« Le développement durable ne peut pas se limiter à un mastère. Il doit être introduit dans tous les cours, comme dans tous les services de l'entreprise », poursuit Thomas Busuttil. Progressivement, quelques formations l'intègrent de façon plus transversale, à l'image d'Euromed, une école de management. « Mais si elles sont une petite trentaine, aucune structure n'existe encore pour former les enseignants », confie Jacques Bregeon.