« Ce sont des profils très recherchés en ce moment et nous ne souhaitons pas les mettre en avant par peur du débauchage. » Ces propos tenus par un porte-parole d'une grande société d'ingénierie hexagonale illustrent les tensions qui touchent le métier de chef de projet hydraulique fluvial. Ingénieur de formation dans l'immense majorité des cas, ce chef d'orchestre exerce surtout en bureau d'études, mais également en collectivité, dans un syndicat de rivière, un établissement public de bassin, chez un exploitant de barrage, une entreprise de travaux publics...
La voie royale ? Les écoles d'hydraulique de Grenoble ( INPG), de Toulouse ( ENSEEIHT), de Strasbourg ( Engees) ou de Montpellier ( Polytech'), suivies de plusieurs années d'expérience en tant qu'ingénieur, puis comme responsable de petits projets. « Le chef de projet encadre la technicité d'une équipe pluridisciplinaire. Il gère une prestation intellectuelle complète en s'assurant notamment du respect des délais et des coûts », explique Thierry Monier, directeur du centre technique France-Sud d'Egis Eau. « Si le métier de base est à dominante très technique, il doit également être capable de vendre sa compétence et celle de son équipe, de décrocher des marchés », complète Stéphane Bonardot, responsable du pôle fleuves et milieux humides chez SCE. Des marchés qui, du ruisseau jusqu'au fleuve justement, ne manquent pas : transparence des ouvrages hydrauliques, prévision et gestion des crues et étiages, atlas des zones inondables et plans de prévention du risque inondation (PPRI), dimensionnement des ouvrages, aménagement des rivières, petite hydroélectricité... « Autant d'enjeux tirés depuis dix ans par la directive-cadre (DCE) ou la loi sur l'eau, observe Stéphane Bonardot. J'encadre une équipe de dix personnes comptant des hydrobiologistes, des compétences indispensables. Aujourd'hui, un raisonnement purement hydraulique ne constitue qu'un morceau du puzzle. »
Illustration chez EDF avec Aude Maura, ingénieur hydraulique spécialisée dans l'environnement : « J'organise le management environnemental sur l'ensemble de nos chantiers. Ma mission : travailler avec les ingénieurs qui pilotent le chantier, les former et les sensibiliser, pour intégrer l'environnement aux modes opératoires. » L'ingénieur des Mines a en outre assumé durant quatre ans la fonction de responsable management environnemental sur le chantier pharaonique du barrage Nam Theun 2 au Laos, encadrant une dizaine de personnes. « Dans quelques années, tout chef de projet devra disposer d'un socle de compétences environnementales, même s'il devra s'appuyer sur un spécialiste pour les sujets les plus complexes », prédit la potentielle future chef de projet.