Pure Recup. Ce pourrait être l'intitulé d'un Sur le marché blog de la mouvance DIY (do-it-yourself) ; c'est en fait le nom d'un des huit dossiers retenus dans le cadre du cinquième appel à projets éco-industries. Son objectif ? Développer des techniques d'extraction en profondeur des solvants chlorés. Ces pollutions sont caractérisées par des concentrations importantes avec des réservoirs d'eau souterraine, alimentant des panaches de plusieurs kilomètres qui conduisent parfois à la fermeture de captages. En outre, elles sont souvent liées à l'activité de petites entreprises, comme des ateliers de nettoyage à sec par exemple, situées dans des zones densément peuplées, c'est-à-dire difficilement accessibles. Démarré en 2010, le projet Citychlor réunissant des partenaires d'Allemagne, de Belgique, de France et des Pays-Bas, a jeté les bases d'une réflexion globale sur la gestion des sols et aquifères pollués aux solvants chlorés en milieu urbain. Et permis de rassembler les connaissances techniques sur la caractérisation et la dépollution, et de tester différentes solutions sur des sites pilotes. Il en résulte une sorte de guide des bonnes pratiques intitulé « An integrated approach to tackle pollution of soil and groundwater in the cities » (Une approche intégrée pour lutter contre la pollution des sols et des eaux souterraines dans les villes), ainsi que des documents détaillés accessibles sur le site internet du projet. Qu'il s'agisse de traitement chimique ou de dégradation par des bactéries endogènes, les techniques in situ actuelles ne sont pas entièrement satisfaisantes du fait notamment des effets rebond induits, de la déstructuration du sol ou d'un périmètre d'action restreint. Pour pallier ces inconvénients, le projet Nanofrèzes achevé en 2013, soutenu par l'ANR, a permis de concevoir des nanoparticules de fer zéro valent à injecter dans l'aquifère afin de déclencher une réaction chimique d'oxydoréduction. « Les particules nanométriques permettent d'aller chercher des pollutions très loin », assure Alain Dumestre, directeur technique de Serpol. La solution a été testée sous le bâtiment d'une entreprise aéronautique. « Le rayon d'action a atteint plusieurs mètres au lieu de quelques dizaines de centimètres avec des particules classiques de fer », se réjouit-il. Le projet Dechlored retenu dans le cadre de l'appel à projets Eco-industrie 2011 va encore plus loin. Le procédé par réduction chimique in situ (RCIS) étudié ajoute au nanofer de la dithionite. Ce puissant réducteur minimise les phénomènes de passivation du fer. Les premières expériences en laboratoire et en colonnes de percolation affichent des rendements de 80 à 90 %. Les tests sur le site pilote de Néry Saintines, dans l'Oise, ont démarré en mars et les acteurs du projet imaginent une industrialisation de la solution dès cette année. 2014 voit également le démarrage opérationnel de Silphes. Ce projet, porté par le chimiste Solvay, est l'un de ceux retenus dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) sur les solutions innovantes de dépollution et de valorisation des sites et sédiments pollués. Décliné en deux volets, produits purs et produits dissous, le projet se veut ambitieux. Des solutions biologiques, chimiques d'oxydation ou de réduction seront examinées. « On essaie vraiment de ne pas se limiter », s'enthousiasme David Cazaux, chef de projet de réhabilitation environnementale chez Solvay. La phase en laboratoire a démarré. Les premiers résultats sont attendus d'ici un an avant d'entamer les essais grandeur nature.