Quelques chiffres clés pour planter le décor : les britanniques consomment environ 1,7 million de t/an de textiles dont 1,1 million de vêtements. Cette tendance est en forte hausse. La collecte des textiles était en croissance entre 2010 et 2014 avant de chuter en 2015 d'environ 4 %. Principalement tourné vers l'export, le marché du textile usagé a subi de plein fouet le déclin de la demande extérieure et le déclin des prix à partir de 2013. Avec la crainte aujourd'hui de voir la collecte se réduire sur le territoire et la valorisation matière se déplacer vers l'enfouissement ou l'incinération. Le secteur cherche des alternatives pérennes au niveau national et international en misant également sur des applications à plus forte valeur ajoutée. D'autres freins au développement du secteur sont mentionnés outre-manche, comme les collectes illégales ou les pillages de conteneurs. Une étude menée en 2014 pour le London textiles Forum estime pourtant que le vol concerne moins de 2 % des textiles usagés collectés en porte-à-porte et 11 % des textiles en conteneurs. Le commerce des vieux textiles représentait en 2014 au Royaume-Uni, 4,2 millions de tonnes pour une valeur de 4,4 milliards de dollars. Cette année-là, le pays a exporté près de 352 000 tonnes de textiles, le plaçant au 3e rang du top 10 mondial (la France se situe à la dernière place), après les Etats-Unis et l'Allemagne. Parmi les raisons de cette ascension depuis dix ans : l'élargissement de l'UE aux pays de l'Est, créant une plus forte demande et la relative faiblesse de la Livre Sterling par rapport à d'autres devises. Aujourd'hui, la tendance s'inverse en Europe. Ne subsistent que les régions sub-sahariennes intéressées par les textiles anglais. Le pays ne peut plus compter que sur son commerce international. Le réemploi domestique est encouragé en particulier. Le rapport estime le marché de seconde main de proximité à plus de 103 000 tonnes. Dans le recyclage, des applications en boucle ouverte méritent d'être soutenues, tel que l'emploi de la fibre recyclée dans le bâtiment, l'automobile, la literie ou l'effilochage. Le Wrap a toutefois identifié le recyclage en boucle fermée comme un secteur prometteur. Recycler de la fibre dans de nouvelles fibres présente un intérêt à long terme. A noter quelques opérations comme le partenariat entre Worn Again, H&M et Kering pour développer de nouvelles techniques de recyclage de la fibre textile. Le Wrap pilote par ailleurs le plan d'action européen du vêtement (Ecap), projet de 3,6 millions d'euros qui inclut entre autres critères, celui d'intégrer de la fibre recyclée dans les vêtements d'ici à 2018.L'étude Wrap ne néglige pas non plus le facteur « prix ». Un graphique montre une baisse depuis 2013, que ce soit sur les flux collectés en boutique de seconde main ou en conteneurs. Le prix moyen pour le textile en conteneur est ainsi passé de 450 £ en 2013 à 200 £/tonne en janvier 2016. A l'export, les prix dégringolent également de 13 % en 2014 et de 10 % en 2015. Cette évolution s'explique par une diminution de la demande et une appréciation de la Livre contre l'Euro, ce qui réduit la compétitivité des exportations britanniques. Le Wrap rappelle toutefois que ces valeurs, bien qu'en forte chute par rapport à 2013, restent toujours plus élevées que les niveaux précédant 2007.