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La fripe en Afrique : une nécessité économique

PUBLIÉ LE 26 SEPTEMBRE 2016
LA RÉDACTION
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Le Kenya est le plus grand marché de fripes en Afrique, et pour cause, c'est le principal point d'entrée avec son port de Mombasa, suivi par Dar es Salaam en Tanzanie. Plateforme commerciale qui accueille du textile d'Europe mais aussi d'Inde et du Pakistan et aujourd'hui de l'Asie du Sud-Est. Cette interdiction d'importation affecterait des millions d'emplois locaux, plus de 50 000 négociants sur le marché ougandais de Owino ; et 65 000 négociants à Nairobi au Kenya.Selon le Wrap (programme britannique sur la gestion des déchets), plus de 80 % des achats de vêtements en Ouganda sont de la fripe. Les importations de la communauté des pays de l'Afrique de l'Est ont augmenté de 100 millions de dollars en 2001 à plus de 300 millions de dollars en 2014. L'Ouganda a importé 80 000 tonnes de fripes en 2014 pour une valeur de 70 millions de dollars et en 2013, le Kenya a récupéré 54 millions de dollars de taxes sur les 100 000 tonnes de fripes importées. Autant dire que l'instauration d'une taxe sur la fripe importée, prévue au 1er janvier 2017 aurait plusieurs répercussions : la réduction rapide des vêtements de seconde main sur les marchés africains et une baisse significative des débouchés et des ressources pour les collecteurs européens.Cette mesure politique a fait réagir les professionnels de la division textiles du BIR (Bureau International du Recyclage) et des chercheurs du laboratoire du développement durable à l'université de Bangor au Royaume-Uni. Parmi eux, Jalia N. Packwood, spécialiste des institutions et activités commerciales en Afrique, a avancé plusieurs explications à cette évolution au cours de la dernière convention printanière du BIR à Berlin.Dans une étude soutenue par l'association britannique des textiles (TRA), elle souligne que cette région comme l'ensemble du continent africain souhaite booster son économie d'ici 2050 via le développement de son industrie manufacturière. « Dans le secteur textile, l'idée n'est pas forcément de revenir aux vêtements traditionnels, mais de fabriquer du textile pour la confection. Simplement développer le made in Africa ». Pour inverser la tendance actuelle et freiner l'achat de fripe par les habitants, les politiques veulent donc imposer des taxes. Ainsi, le Rwanda a déjà triplé ses taxes douanières sur la fripe importée passant de 35 % à 100 %. Les taxes kenyanes représentent environ 75 % de la valeur des biens et 50 % en Ouganda. Résultat : des prix de ventes qui augmentent et rendent ces vêtement trop cher sur les marchés. Du côté des exportateurs de textiles usagés, les conséquences pourraient être fâcheuses pour un certain nombre de pays comme les Etats-Unis et l'Allemagne qui représentent à eux deux 30 % des  exportations de fripe au niveau mondial en 2014. Aux Etats-Unis, la valeur de la fripe exportée vers l'Afrique était de 593 millions de dollars en 2012, dont 2,3 millions de dollars pour l'Ouganda seul. Au Royaume-Uni, la part des exportations vers l'Afrique sub-saharienne correspond à 36 %. Le Kenya a représenté 42 millions de dollars de revenus pour les Britanniques. Selon l'organisation humanitaire Oxfam, plus de 70 % des vêtements donnés finissent en Afrique. La Chine tire son épingle du jeuAu bout du compte, les répercussions seraient négatives pour les deux parties, analyse Jalia Packwood : « Au Royaume-Uni par exemple, le prix de la fripe à l'export a dû baissé de 450 £ en 2013 à 275 £/t aujourd'hui. Le flux total de fripe a chuté de 25 000 tonnes entre 2014 et 2015. les campagnes de collecte caritatives ont chuté ». En face, de nombreux négociants africains ont perdu leur activité. Pourtant, ce n'est pas perdu pour tout le monde. Les principaux bénéficiaires de cette mesure dans l'immédiat sont les marchés asiatiques qui ont la voie libre. Ils peuvent désormais exporter massivement leur vêtements neufs, certes très bon marché mais bas de gamme. Il faut bien comprendre que cette mesure politique n'aura aucun effet économique positif pour le marché africain, déplore Alan Wheeler de Textile Recycling Association : « On troque de la fripe réutilisable de bonne qualité contre du vêtement neuf pas cher, bas de gamme ; et cela ne changera rien pour l'industrie textile en Afrique qui doit investir dans des infrastructures, un réseau électrique fiable, des outils de production et un réseau d'approvisionnement de matières pérenne ». Partant de ces constats, l'université de Bangor s'est penchée sur les pistes possibles susceptibles de sauver ces échanges commerciaux. Jalia Packwood s'interroge sur la démarche à mener : « si nous voulons conserver ces relations, il faut réfléchir sur la manière de le faire pour permettre à l'Afrique d'atteindre ses objectifs économiques, sociaux et environnementaux ».Parmi les stratégies à repenser, l'étude suggère la mise en œuvre de nouvelles politiques commerciales favorisant les deux parties pour aboutir à du gagnant-gagnant. « Dans ce contexte, le dialogue d'égal à égal est indispensable à la réussite de cette entreprise. Cela implique un respect mutuel et l'exploration de nouvelles façons de développer une activité qui bénéficie aux pays importateurs et exportateurs » poursuit-elle. Par ailleurs, l'étude préconise aux exportateurs occidentaux, de persuader la communauté des pays de l'Afrique de l'Est de réviser cette interdiction et de mettre en place un cadre favorisant l'ouverture des marchés exportateurs à la confection made in Africa. « Pourquoi ne pas imaginer dans cette logique, le transfert de savoir-faire disponibles en Europe, en Asie et en Amérique vers l'Afrique pour aider ce continent à atteindre ses objectifs ? » avance Jalia Packwood. En d'autres termes, réfléchir au déploiement de technologies « fibre-to-fibre » pour favoriser le recyclage des textiles usagés en nouvelle fibre textile en Afrique et pour exporter cette fibre, recyclée en Afrique, vers d'autres continent ? Et la spécialiste d'origine ougandaise d'inviter les professionnels à tisser rapidement les liens.      Catherine Moncel* Ouganda, Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi et Sud Soudan 
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