Comment trier plus dans un bâtiment existant qui date de 2007 ? C’est le pari que s’est lancé le Smédar, syndicat de l’arrondissement de Rouen et de la ville de Dieppe (162 communes, 605 000 habitants). La collectivité modernise son centre de tri, situé au Grand Quevilly. Le process, réaménagé sur trois étages, accélère la cadence, jusqu’à 13 tonnes l’heure (contre 8 auparavant). Le Smédar se targue de détenir le plus grand centre de tri de France géré en régie, avec sa capacité portée à 35 000 tonnes par an. Au terme d’un chantier de moins de 3 mois, l’unité rénovée doit démarrer en novembre 2016. Les lignes de tri automatisées, conçues par Ar-Val, dotées d’une supervision, renferment trois cribles balistiques et six trieurs optiques (contre trois jusqu’alors) fournis par Tomra Sorting, notamment pour le procédé Recyfilm dédié aux films en plastique. S’ajoutent overband et courant de Foucault. Avec une surface de tapis multipliée par quatre, l’unité traite tous les emballages, plastiques et petits métaux compris. Des machines de l’ancien process restent sur site, dont la trémie d’alimentation, le trommel, la presse à balles, une partie des convoyeurs. Le centre doit tourner en routine à 10-11 tonnes par heure. Son surdimensionnement vise à lui procurer de la souplesse, vu l’extension du tri en perspective, voire d’éventuelles prestations pour d’autres collectivités.Concentrer le process« Il a fallu concentrer le process afin de créer assez d’espaces y compris pour la circulation, sans générer d’accident, tout en améliorant la captation des matériaux », souligne Blaise Metangmo, directeur du développement en charge des collectivités chez Ar-Val. L’unité comporte 1 000 m2 d’allées et passerelles autour des équipements. Avec ou sans l’extension, l’installation n’était plus adaptée : « Les machines ne parvenaient plus à absorber un gisement qui a évolué, avec des quantités de papier en diminution et plus de matériaux légers, note Karine Bruyant, cheffe de projet au Smédar. Et les conditions de travail se dégradaient. »Le site fait travailler 40 agents de tri. Ils effectuent le contrôle qualité en deux équipes, dans une cabine de tri conforme à la norme sur l’ergonomie NF X35-702. Un tapis de retour renvoie les valorisables dans les process. La réorganisation des équipes affecte sept agents à la maintenance en trois postes, outre un chef d’équipe. Le Smédar continue à produire trois catégories de résines, PET clair, PET foncé, et PE-PP-PS, mais contenant une plus grande diversité de produits. Les flux triés sont aujourd’hui repris par Valorplast (plastiques), UPM-Chapelle Darblay (papiers), Veolia (cartons), Norval (métaux), Revipac (briques alimentaires), Ecophyse, GDE, FCR-Paprec (gros de magasin). L’investissement s’élève à 5 millions d’euros, dont 39 % d’aides de l’Ademe, d’Ecofolio et d’Eco-Emballages qui a fait du centre l’un des sites pilotes de l’extension du tri. S’ajoute 1 million d’euros déboursé, le temps des travaux, pour le détournement des flux vers d’autres centres de tri, ou en stockage temporaire en balles (hors recettes et soutiens matière). Le Smédar mise sur un coût de traitement à 180 euros la tonne et 15 à 20 % de refus. Chrystelle Carroy