Si le transport par voie fluviale de déchets est chose courante, bien que les tonnages transportés sont difficiles à chiffrer, une expérimentation lyonnaise va plus loin, en proposant depuis le 3 décembre aux particuliers une déchèterie éphémère, en plein centre-ville, sur une péniche. Cette initiative est portée par un consortium réunissant Suez, l'énergéticien CNR, les Voies navigables de France et l'opérateur de transport fluvial CFT. « C’est une expérimentation européenne », précise Thierry Philip, vice-président de la Métropole de Lyon, « qui a bénéficié à ce titre de financements européens, de Voies Navigables de France, de l'Ademe et de la région ».Alors que les deux déchèteries lyonnaises intra-muros sont saturées, le foncier est indisponible pour en créer une nouvelle en centre-ville : la solution trouvée est donc de faire venir un pousseur et une barge à quelques encablures de la Place Bellecour, chaque samedi, pour accueillir sur le quai Fulchiron, les particuliers déposant leurs déchets comme dans n’importe quelle déchèterie (hors gravats et déchets verts pendant l’expérimentation). « Pendant ces deux années d’essai, nous étudierons la fréquentation, le trafic généré, car il ne s’agit pas de créer des embouteillages le long du quai. Notre objectif est de traiter au moins 6 000 tonnes de déchets par an, ce qui désengorgera les autres sites », précise l’élu.En fin de journée, le pousseur retourne amarrer la barge au Port de Lyon, à un quart d’heure de là, pour les opérations de déchargement des déchets qui rejoignent les filières de traitement et de valorisation habituelles, notamment par voie fluviale. Entre 3,5 et 4,5 millions de tonnes de déchets en vrac sont transportées en France chaque année, auxquelles s’ajoutent 55 000 EVP (équivalents de conteneurs de vingt pieds qui représentent chacun environ 40 mètres cubes) pour les déchets conteneurisés, soit, à la louche, 2,2 millions de mètres cubes. Si les statistiques sont floues, car les déchets sont présents dans plusieurs filières recensées par Voies navigables de France, l’établissement s’intéresse de plus en plus à ce type de report modal de la route vers le fleuve. Christel Leca