"De quatre chantiers jusqu'à présent lancés, nous changeons d'échelle et passerons dans six mois à une quarantaine de chantiers avec le démarrage des travaux de génie civil sur la ligne 15 Sud. Une dizaine de gares y seront en construction d'ici la fin de l'été." Ce pas en avant dans la construction du futur métro du Grand Paris a été abondamment commenté le 29 mars par Frédéric Willemin, directeur de l’ingénierie environnementale à la Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public maître d’ouvrage du projet, lors d'une présentation au Salon des maires d’Île-de-France.Mobiliser les forcesLes chantiers du Grand Paris Express vont générer en dix ans 45 millions de tonnes de déblais. Du jamais vu en si peu de temps ! Leur trouver un exutoire a nécessité d'agiter tout un écosystème et de mobiliser toutes les filières, en Île-de-France et dans les régions qui l'entourent. "Ces déblais seront principalement valorisés en réaménagement de carrières réparties sur l’ensemble du territoire francilien et dans des régions comme le Centre-Val de Loire, le Grand Est ou les Pays de la Loire", indique Frédéric Willemin. Plus de 200 sites de stockages, réaménagements de carrières, aménagements d’espaces verts, plateformes ou sites intermédiaires de traitement agréés ont ainsi été identifiés et "adoubés" (conventionnement) par l’établissement public. Pour traiter les terres polluées, certains sont même en Belgique !Tracer les flux"Nous craignions, dès lors que les chantiers se multiplient, de voir partir ces déblais un peu partout sans pouvoir les tracer jusqu'à leur destination ou de suivre les terres échangées entre différents sites. Mais grâce à un outil de traçabilité que nous avons développé avec l'appui des filières et fédérations professionnelles, c'est possible", poursuit Frédéric Willemin. La trentaine d'entreprises accueillant des déblais se sont engagées à utiliser une charte de bonnes pratiques et à recourir à cette plateforme informatique, baptisée Artémis, qui repose sur la pesée des terres et l'informatisation. Le stockage de déblais devrait rester minoritaire. La SGP s’engage en effet à revaloriser 70% des terres excavées sur ses chantiers. Du côté des carrières c'est, en Île-de-France, le Val d’Oise qui en accueillera le plus (14,9 millions de tonnes), suivi des Yvelines (8 millions de tonnes) et de la Seine-et-Marne (5,4 millions de tonnes). Un million de tonnes de déblais vont aussi servir à l'aménagement d'un parc urbain, à cheval sur Chelles (Seine-et-Marne) et Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Ce sera lors du chantier de la ligne 16. Les terres qui en seront excavées serviront à remodeler ce site, dit du Sempin, qui a connu des effondrements de terrain.Enfin, notons que sur les 74 candidatures déposées dans le cadre de l’appel à projets "Le Grand Paris des déblais", lancé en octobre 2016, six projets ont été retenus, portés par des start-up, des associations ou des consortium d’entreprises. Il y a, par exemple, un dispositif innovant de caractérisation et de gestion des déblais. "Ce système, combiné aux capteurs posés dans les tunneliers, permet d’analyser en temps réel la composition chimique des déblais. Ce qui réduirait le temps de caractérisation de cinq jours à quelques heures", indique le lauréat qui en est à l’initiative, le groupe NGE et sa filiale Guintoli. D'autres entreprises comme Cemex ont été retenues, dans son cas pour une initiative visant à tester l’évacuation des déblais du Grand Paris par train.MB